©1989 & 2002 John Petroff. Traduction 2003 Nicolas Roys |
OBJECTIF D'ÉTUDE
Le but de ce chapitre est d'analyser les variations des coûts de
production consécutives aux variations du volume de production.
D'abord le concept de coûts économiques est étudié.
Des modèles à court terme des coûts totaux,
moyens et marginaux sont dérivés sur la base de
la loi des rendements décroissants. Des modèles
de coûts à long terme sont brièvement décrits.
COÛTS D'OPPORTUNITÉ
Dans les sciences économiques, tous les coûts sont
des coûts d'opportunité parce que lorsqu'une ressource
est employée à un but quelconque, cela implique que d'autres biens ne peuvent
pas être produit avec la quantité utilisée de cette ressource, qu'une autre
ressource n'est pas employée à la place de cette
ressource, et que l'on renonce aux revenus d'autres productions utilisant cette
ressource. Ainsi, chaque coût est d'abord
un coût explicite pour la ressource utilisée, mais
tout aussi bien, un coût implicite d'utilisations alternatives
possibles de cette ressource.
Quand un étudiant prend un cours de sciences économiques, le coût de ce cours est plus que juste l'argent dépensé en instruction, manuels et aides d'étude. Par exemple, le temps consacré à étudier aurait pu être employé à travailler dans un supermarché et gagner un bon salaire. Quoique le salaire ne soit pas un coût qui doit être déboursé, c'est un coût d'opportunité et un vrai coût néanmoins. |
PROFIT NORMAL
Parmi les coûts implicites d'une entreprise, le profit normal est le coût le
plus important, et il doit être pris en charge. Le profit normal est le revenu
que le propriétaire commercial, ou l'entrepreneur, aurait reçu s'il avait
té engagé dans une autre activité ou emploi. Ainsi, si le propriétaire
commercial ne reçoit pas ce qu'il considère mériter, il fermera son
commerce.
Le propriétaire d'un petit magasin de spécialités devrait s'attendre à ce que le magasin génére au moins autant de revenu que ce qu'il aurait pu gagner en travaillant comme manager pour le grand magasin du centre. Autrement, la décision raisonnable devrait être de fermer son magasin. |
PROFIT PUR
Le profit pur, également connu sous le
nom de profit économique, est le montant de revenus qui
excède la somme de tous les coûts de production,
explicites aussi bien qu'implicites (c.-à-d. tous les coûts
d'opportunité, y compris le profit normal).
Ainsi, le profit pur diffère du profit comptable puisque
seuls les coûts explicites sont inclus dans le profit comptable.
Par opposition au profit normal, le profit pur est une récompense pour la prise de risques commerciaux, et parfois, le profit pur peut être négatif. Ainsi, le propriétaire du magasin verra le profit total augmenter et baisser en raison des variations du profit pur, ce qui peut absorber une partie du profit normal. |
COURT TERME
Le court terme pour une entreprise est la période pendant
laquelle certaines de ses ressources, et par conséquent,
certains de ses coûts, sont fixes. Un exemple typique de coût fixe pour la
plupart des entreprises est le loyer ou
le salaire des personnes clés de l'entreprise (tel que le président de
l'entreprise). Le nombre de jours, de mois ou d'années
qui constituent le court terme diffère considérablement
d'une entreprise à une autre.
La plupart des locations commerciales exigent un bail (un contrat louer pour plusieurs mois ou années). Démarrer un commerce exige également souvent l'installation de meubles, d'appareillage et d'équipement. Pendant la durée du contrat de location, la firme perdrait beaucoup d'argent si elle devait déménager. Ainsi, l'espace est pratiquement fixe pendant cette période et de même le loyer. |
LONG TERME
Le long terme est la période pendant laquelle tous les coûts d'une
entreprise peuvent être changés dans une certaine
mesure. Par exemple, la taille d'une usine peut être modifiée.
A long terme, il n'y a pas de coûts véritablement
fixes: tous les coûts sont variables.
l'expiration du contrat de location, un commerce peut déménager dans un endroit plus souhaitable, qui peut être soit plus grand soit plus petit. Ainsi, à long terme même l'espace de travail du commerce n'a pas besoin de rester le même: tout peut changer. |
RENDEMENT DECROISSANTS
La loi des rendements décroissants montre que si une des
ressources variables est augmentée au-delà d'un
certain point, le volume de production additionnelle (ou rendement
marginal) commence à diminuer. Si on commence à
partir d'un niveau de production très bas, une entreprise
habituellement tirera bénéfice de l'efficacité
croissante au début, mais les gains disparaissent et la
production devient moins efficiente quand la capacité de
production est surchargée.
Dans un restaurant, les premiers employés qui doivent tre employés sont probablement le directeur, le cuisinier et le serveur ou la serveuse. Sans eux le restaurant ne serait pas très opérationnel. D'autres employés peuvent être embauchés plus tard: maître d'hôtel, sommelier, caissier, assistants de cuisine, etc... S'il y a trop de serveurs dans le restaurant ou trop de cuisiniers dans la cuisine, ils peuvent renverser ou abîmer le bouillon. |
LOI DES RENDEMENTS DECROISSANTS
La loi du profit décroissant a lieu seulement dans le court
terme. Elle est entièrement due à la présence
d'au moins une ressource fixe, et la nécessité de
dépasser la capacité productive de cette ressource
fixe.
COÛTS FIXES
Les coûts fixes sont les coûts sur lesquels une entreprise
n'a pas de contrôle. Ils sont habituellement attachés
aux facteurs de production et aux ressources fixes. Les coûts
fixes doivent être payés, autrement l'entreprise
devra fermer ses portes.
Le loyer est un coût fixe typique. Il ne change pas d'un mois à l'autre (ou d'année en année) au cours de la période de location, sans aucun égard ce qui peut être le volume de production. |
COÛT VARIABLE
Les coûts variables sont les coûts qu'une entreprise
peut changer à volonté. Ils concernent les facteurs
de production ou les ressources qui ne sont pas fixes.
Les salaires, particulièrement ceux de l'aide supplémentaire et des employés à temps partiel sont des coûts variables typiques. Beaucoup d'autres dépenses sont également variables: fret et affranchissement, téléphone au-dessus du taux de base, entretien et nettoyage, et consommation d'énergie. Tout ceux-ci changent avec le volume de production. |
COÛT TOTAL
Le coût total est la somme de tous les coûts: fixes
et variables. La courbe du coût total est représentée
graphiquement comme une courbe ascendante: les coûts augmentent
en même temps que le volume de production. La courbe a généralement
une forme de S, reflétant l'efficacité croissante
partir d'un niveau de production bas, et puis une diminution
de l'efficacité quand le volume de production dépasse
le point de rendements décroissants.
Tous les coûts du restaurant augmentent quand le nombre de repas augmente (qui est ici le volume de production). Quand le restaurant devient surchargé et la loi des rendements décroissants prend effet, l'augmentation du coût total croit très rapidement parce que les employés deviennent moins performants lorsqu'il n'y a pas assez de place pour travailler. |
COÛT FIXE MOYEN
Le
coût fixe moyen (AFC) est calculé en divisant le
coût fixe total (TFC) par la quantité produite (Q).
AFC = TFC / Q
La courbe du coût fixe moyen est représentée graphiquement comme une courbe décroissante asymptotique l'axe horizontal.
Le loyer payé par le restaurant est divisé par un nombre de plus en plus grand de repas servis (lorsque le volume de production augmente) pour obtenir le coût moyen fixe. Le coût moyen par repas attribuable au loyer diminue avec l'augmentation du nombre de repas, mais la diminution est de plus en plus petite. |
COÛT VARIABLE MOYEN
Le coût variable moyen (AVC) est calculé en divisant
le coût variable total (TVC) par la quantité produite
(Q).
AVC = TVC / Q
La courbe du coût variable moyen est représentée graphiquement par une courbe en U, reflétant l'augmentation de l'efficacité dans la partie décroissante du coût variable moyen lorsque la production commence à un niveau bas, puis une augmentation du coût variable moyen lorsque le volume dépasse le point de rendements décroissants.
En commençant d'un petit nombre de repas et de clients, un restaurant peut améliorer son efficacité et diminuer son coût variable moyen par repas lorsque le volume augmente. Ensuite après avoir augmenté de trop, le coût variable moyen commence à monter quand les employés commencent à se cogner les uns dans les autres et le restaurant est trop serré. |
COÛT TOTAL MOYEN
Le
coût total moyen (ATC) est calculé en divisant le
coût total (TC) par la quantité produite (Q).
ATC = TC / Q
Il peut également être obtenu en ajoutant le coût variable moyen au coût fixe moyen à chaque niveau de production. La courbe du coût total moyen est représentée graphiquement comme que courbe en U avec une partie décroissante raide et une partie modérément croissante qui sont attribuables aux formes des courbes des coûts moyens fixes et variables.
La progression du coût total moyen du restaurant est une combinaison des progressions des coûts fixes moyens et des coûts variables moyens. Pendant que le volume de production augmente, le coût total moyen diminue au départ, puis augmente avec l'effet des rendements décroissants. |
COÛT MARGINAL
Le coût marginal (MC) est calculé en divisant le
changement du coût total par le changement de la quantité.
MC = (changement de TC) / (changement de Q)
La courbe du coût marginal est représentée graphiquement par une courbe en U, reflétant l'augmentation initiale, puis la détérioration de l'efficacité lorsque le volume augmente.
Le coût marginal, ou additionnel, par repas change plus que le coût total moyen pour chaque repas. Le coût d'un repas additionnel commence à augmenter avant le coût total moyen. |
GRAPHIQUE DU COÛT MARGINAL
La forme de la courbe de coût marginal peut être expliquée
par la progression du coût total qui est due à la
loi des rendements décroissants. Géométriquement,
le coût marginal est la pente de la tangente à la
courbe du coût total. Le minimum (ou cuvette) de la courbe
du coût marginal correspond au point où le rendement
commence à diminuer.
COÛT TOTAL MOYEN MINIMUM
La courbe du coût marginal intersecte la courbe du coût
total moyen à son minimum. On peut vérifier que
ceci doit nécessairement être vrai en observant que
- si le coût marginal est au-dessous du coût
moyen, le coût moyen diminue
- si le coût
marginal est au-dessus du coût moyen, le coût moyen
augmente
Le coût moyen reste le même (géométriquement, cela veut dire que la tangente à la courbe du coût moyen est horizontale), seulement si le coût marginal n'est ni au-dessus, ni au-dessous du coût total moyen.
Des économies d'échelle, ou économies de grande échelle, résultent des gains d'efficacité quand la taille de la production est augmentée à long terme avec des changements appropriés des ressources fixes pour utiliser les ressources disponibles plus entièrement. Les économies d'échelle ne peuvent se produire qu'à long terme.
Les économies d'échelle sont observables dans la plupart des fabrications. La production d'automobile est particulièrement sensible au volume. Produire une seule voiture (par exemple, celles construites pour les courses d'automobiles) peut coûter des millions de dollars. Mais, quand les mêmes dispositifs sont incorporés dans des millions de pièces, le coût devient abordable. Des études récentes indiquent que la production minimum d'une usine de voitures est de 100.000 unités. |
CAUSES D'ÉCONOMIES D'ÉCHELLE
Les causes principales pour la présence des économies
d'échelle sont
- division des tâches et du travail réduisant au
minimum les qualifications de la main d'uvre,
- utilisation plus intensive du personnel le plus hautement qualifié,
- utilisation plus intensive de capital (par exemple, avec plusieurs
quipes de travail),
- capacité d'utiliser des sous-produits plutôt que
de les jeter.
GRAPHIQUE D'ÉCONOMIES D'ÉCHELLE
On observe graphiquement des économies d'échelle
par l'abaissement progressif des courbes du coût marginal
et du coût total moyen à court terme. L'enveloppe
de ces courbes de coût total moyen à court terme
peut être considéré comme la courbe de coût
total moyen à long terme.
DÉSÉCONOMIES D'ÉCHELLE
Les déséconomies d'échelle ont lieu quand
la taille d'une entreprise est excessive. Une entreprise peut
en effet augmenter sa taille pour profiter des économies
d'échelle, mais les gains disparaissent quand l'entreprise
atteint une certaine taille. Les déséconomies d'échelle
appartiennent au long terme et doivent être clairement distingués
des rendements décroissants qui ne se produisent qu'à
court terme. Il est souvent proposé que les déséconomies
d'échelle sont rarement - si jamais - observés dans
toute industrie parce que les entreprises réduiraient leur
taille si cela se produisait.
La compagnie américaine General Motors est, après près d'un siècle d'existence, encore faite de plusieurs divisions qui n'ont jamais été intégrées dans une production unique. Il peut y avoir beaucoup de raisons pour ceci. Il semble que le maintien des divisions séparées stimule une certaine concurrence entre elles, et ainsi évite des déséconomies de grande échelle. |
CAUSES DES DÉSÉCONOMIES
D'ÉCHELLE
Certaines des causes possibles des déséconomies
d'échelle sont
- difficultés de contrôle et de surveillance,
- prise de décision lente due à la taille excessive
de l'administration,
- manque de motivation des employés.
[Il est important pour nous de savoir ce que vous penser
de ce chapitre.
Si vous avez un commentaire, une correction ou une question
se rapportant à ce chapitre, envoyez le à
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