PRECIS DE MACRO-ECONOMIE   © 1986, 1990 & 2002 John Petroff.  Traduction 2003 Sandrine Cortet.

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Chapitre 3:

L'OFFRE ET LA DEMANDE

INTRODUCTION
Le but de cette leçon est de parvenir à comprendre comment fonctionnent les marchés, comment sont fixés les prix et comment se produisent les transactions. Nous définirons et expliquerons les deux forces du marché : l'offre et la demande. Nous étudierons également le point d'équilibre. Enfin, nous proposerons des conclusions et des exemples d'application.

MARCHÉ
Les marchés existent afin de faciliter des échanges de produits, de services ou de ressources. Les acheteurs et les vendeurs y sont présents ensembles, et expriment leurs désirs d'acheter ou de vendre en annonçant leur prix d'offre et de demande pour différentes quantités. Même si une transaction n'a pas lieu, l'information se traduit par une estimation du prix du produit.

Un exemple de marché est celui de la bourse des valeurs de New York. Son but est de faciliter l'achat et la vente de valeurs. Les transactions ne sont pas exécutées par les acheteurs et vendeurs eux-mêmes, mais par des courtiers et des revendeurs en leur nom. Les prix des transactions quotidiennes sont publiés dans beaucoup de journaux dans tout le pays parce que les marchés remplissent également la fonction importante d'estimation des marchandises, ou dans ce cas-ci, des valeurs.

DEMANDE
La demande est l'expression de la volonté et de la capacité de l'acheteur potentiel pour l'acquisition de certaines quantités d'un article aux differents prix possibles que l'acheteur peut raisonnablement payer. On peut concevoir la demande comme une gamme de prix et de quantités correspondantes dans l'esprit de l'acheteur.

Les courtiers de la bourse des valeurs de New York gardent des livres dans lesquels ils inscrivent les commandes de divers clients : combien d'actions et à quel prix. Ces listes reflettent ce que les courtiers (au nom de ses investisseurs) sont prêts à acheter et ce qu'ils sont en mesure d'acheter.

LOI DE LA DEMANDE
La loi de la demande postule que, dans l'esprit de chaque acheteur, le rapport est inverse entre le prix et la quantité des produits. Elle est représentée graphiquement par une courbe descendante. Elle s'explique par les concepts d'utilité marginale décroissante, d'effet de revenu, d'effet de substitution et grâce à l'analyse des courbes d'indifférence.

Un détaillant serait certainement très intéressé de savoir ce que ses clients sont disposés à payer pour ce qu'ils veulent acheter. Une telle connaissance lui permettrait d'estimer le prix de ses produits le plus efficacement possible. C'est pourquoi on conduit des études de marché, pour déterminer quels types de clients sont prêts à acheter et à quels prix.

MECANISMES DE LA LOI DE LA DEMANDE
La loi de la demande se traduit par
- l'obstacle à la consommation que le prix représente,
- l'utilité marginale décroissante,
- l'effet de revenu et l'effet de substitution lorsque les prix changent.
Elle peut également être illustrée par le taux marginal de substitution décroissant des courbes d'indifférence.

Périodiquement, tous les grands magasins ont des jours de soldes où les prix sont réduits sensiblement. Le but de cette réduction de prix est de se débarrasser de marchandises anciennes et de stimuler les achats des clients (qui peuvent acheter beaucoup d'autres articles en même temps). Ainsi, les magasins tirent profit de la loi de la demande pour liquider des marchandises que les clients ne sont disposés à acheter qu'après réduction de leurs prix.

EFFET DE REVENU
La loi de la demande peut se traduire par le mécanisme suivant : le changement inattendu des prix affecte le pouvoir d'achat des consommateurs. Si le prix est inférieur au prix attendu, un excédant de revenu est libéré, ce qui permet au consommateur d'acheter plus. En revanche, une augmentation inattendue des prix réduit le pouvoir d'achat des consommateurs et les fait acheter moins.

Quand la ménagère va au supermarché pour acheter de l'épicerie, et découvre une réduction du prix d'un des produits qu'elle avait l'intention d'acheter (en raison d'une promotion spéciale par exemple), cela lui donne la sensation d'être plus riche. Effectivement, elle peut acheter plus avec l'argent qu'elle avait au départ. C'est l'effet de revenu.

EFFET DE SUBSTITUTION
La loi de la demande peut aussi se traduire par l'effet de substitution. Quand le prix d'un bien est inférieur au prix attendu, le consommateur y voit une occasion à ne pas manquer comparé aux marchandises qui restent au prix fort. Le consommateur modifie temporairement son comportement en substituant des articles qui lui semblent de bonnes affaires aux articles à prix fort.

Supposons qu'un client hésite entre des côtes de porc et du bifteck avant d'entrer dans un supermarché. Si les côtes de porc sont en promotion alors que le bifteck ne l'est pas, le client sera plus suceptible d'acheter les côtes que le bifteck. C'est une illustration de l'effet de substitution.

GRAPHIQUE DE LA DEMANDE
La loi de la demande est représentée graphiquement par une courbe descendante, résultat du fait que quand le prix diminue, la quantité augmente, et vice versa.

Graphique G-MIC1.1

DEMANDE DU MARCHÉ
La demande du marché est la somme de la totalité des demandes individuelles.

CAUSES DÉTERMINANTES DE LA DEMANDE
Le prix est la cause principale qui détermine la quantité demandée. Les causes déterminantes de la demande non-liées au prix sont :
- le nombre d'acheteurs,
- les goûts,
- les revenus,
- le prix d'autres marchandises (complémentaires ou de substitution), et
- les espoirs concernant les prix futurs.

La publicité montre bien que les clients peuvent être incités à acheter les produits pour de nombreuses et diverses raisons. Le mode d'incitation par excellence reste néanmoins le prix.

BIEN INFÉRIEUR
Une augmentation du revenu provoque généralement la hausse de la consommation de la plupart des marchandises. Il s'agit alors des marchandises dites normales ou supérieures. Pour certaines marchandises le modèle est renversé : une augmentation du revenu provoque une diminution de leur consommation. Il s'agit des marchandises dites inférieures ou marchandises de Giffen (nom de l'économiste qui a démontré l'existence de tels produits). Le plus souvent, ces marchandises inférieures sont liées, dans l'esprit des individus, aux périodes difficiles (les périodes de guerre par exemple).

PRIX DES MARCHANDISES RELATIVES
Le prix des marchandises relatives affecte la demande d'un article de deux manières opposées suivant que les marchandises sont vues par l'acheteur comme complémentaires ou de remplacement.

MARCHANDISES COMPLÉMENTAIRES
Les marchandises sont complémentaires quand leur consommation est liée l'une à l'autre. Par exemple, automobiles et pneus : on ne vend des pneus que si l'on vend des voitures, et vice versa. L'augmentation du prix des automobiles provoquera la baisse des achats de véhicules, et par conséquent de pneus aussi. Le rapport entre le prix des automobiles et la quantité des pneus vendue est inverse.

Pneus et voitures, balles et pistolets, lampe et abat-jour, sucre et café, clous et marteau, écrous et boulons, sont tous des articles qui vont ensembles. Ce sont les marchandises complémentaires.

MARCHANDISES DE REMPLACEMENT
Les marchandises de remplacement sont des marchandises qui peuvent, dans l'esprit du consommateur, être remplacées l'une par l'autre . Par exemple, le thé et le café sont des marchandises interchangeables pour beaucoup de consommateurs (mais pas pour tous). Si le prix du thé monte, les achats du thé diminueront et les achats du café augmenteront. Ainsi, le rapport entre le prix du thé et de la quantité de café est direct.

Huile et margarine, thé et café, taxi et autobus, pain et biscottes, hotel et camping, ordinateur et lecteur de DVD, sont tous des articles qui, pour la plupart des personnes, peuvent être remplacés l'un par l'autre. Ce sont des marchandises de remplacement.

LA QUANTITÉ DEMANDÉE
Un changement de n'importe laquelle de ces causes déterminantes non-liées au prix entraîne un changement de la demande totale des consommateurs. On peut rendre ce phénomène graphiquement par un décalage de la courbe de la demande vers la droite (ou vers la gauche). Ces mouvements dans la demande doivent être distingués des changements le long de la courbe de la demande qui sont, eux, causés par des fluctuations de prix : un changement du prix produit seulement une modification de la quantité demandée, mais la gamme de prix et quantités de la demande reste globalement la même.

La disponibilité de nouveaux produits peut changer les goûts des consommateurs. Il n'y a pas si longtemps, les calculs complexes étaient faits avec des règles à calculer. Avec l'arrivée des calculatrices, les clients se sont totalement désinterressés des règles à calculer.

L'OFFRE
L'offre est la volonté et la capacité des vendeurs ou des fournisseurs pour la vente des différentes quantités possibles d'un produit à des prix raisonnables.

L'offre est ce que nous avons à offrir. Les travailleurs ont leur temps et leurs qualifications à offrir à leurs employeurs. Le nombre d'heures de travail est parfois variable. Mais généralement, on attend un prix plus élevé quand des heures de travail en plus sont demandées, autrement dit, une indemnité pour heures supplémentaires

LOI DE L'OFFRE
La loi de l'offre postule que, dans l'esprit de chaque vendeur ou de chaque producteur, le rapport est direct entre le prix et la quantité. Les augmentations du prix entraînent des augmentations de la quantité offerte.

MECANISME DE LA LOI DE L'OFFRE
La loi de l'offre se traduit par
- la motivation de tout vendeur ou producteur à vendre plus, et
- l'augmentation des coûts de production (en raison de la loi du rendement décroissant).

GRAPHIQUE DE L'OFFRE
La loi de l'offre peut s'illustrer graphiquement par une courbe ascendante. Quand le prix augmente, la quantité augmente; ainsi, le rapport direct est vérifié.

Graphique G-MIC1.2

CAUSES DÉTERMINANTES DE L'OFFRE
Le prix est la cause principale qui détermine l'offre. Le causes déterminantes non-liées au prix sont :
- le nombre de vendeurs ou de producteurs,
- les coûts de production (impôts y compris),
- la technologie (puisqu'elle affecte les coûts),
- le prix d'autres marchandises (comme sources des bénéfices potentiels),
- les anticipations (mais l'effet est ambigu).

Revenons à l'employé qui fournit ses heures de travail, sa bonne volonté à accepter le changement de ses heures de travail peut éventuellement dépendre du temps consacré à d'autres besoins (comme les loisirs, la famille, ses passions et hobbies). Cependant, la cause principale qui détermine son acceptation reste le prix - ou salaire - qu'il escompte.

LA QUANTITÉ A OFFRIR
N'importe laquelle des causes déterminantes de l'offre, non-liée au prix, a des conséquences sur la physionomie globale de l'offre et décale la courbe qui la symbolise. Ce décalage de la courbe de l'offre doit être distingué du mouvement le long de la courbe elle-même (la modification du prix changeant seulement la quantité fournie et pas l'offre elle même).

ÉQUILIBRE
L'équilibre de prix et de quantité est à l'intersection des courbes de demande et d'offre. A tout prix au-dessus de cet équilibre, la quantité offerte excède la quantité demandée, ce qui a pour conséquence un excédent (et aucune transaction entre l'acheteur et le vendeur). A tout prix au-dessous, la quantité demandée excède la quantité offerte, qui a pour conséquence une pénurie. C'est seulement à l'intersection de la demande et de l'offre que les quantités demandées et offertes sont égales. L'équilibre des prix et des quantités est alors stable.

Graphique G-MIC1.3

PENURIE
Une pénurie signifie que la quantité demandée est supérieure à la quantité offerte. Il y a pénurie quand le prix est au-dessous de l'équilibre. Si le marché est libre, la pénurie disparaît au fur et à mesure que le prix augmente. Par contre, la pénurie perdure si marché n'est pas libre, par exemple si le gouvernement a institué un plafond de prix. Si le plafond de prix est au-dessus de l'équilibre, il n'a aucun effet sur marché.

Graphique G-MIC1.4

Certains types de bâtiments (comme ceux construits avant 1948 en France) sont soumis à un plafonnement des loyers. Cela pourrait permettre d'assurer une offre de logements aux familles les plus démunies. Mais, en fait, beaucoup de propriétaires préfèrent ne pas louer à de bas prix et laisser les logements vides. Ceci s'explique parce que ce n'est pas rentable à leurs yeux et qu'ils ne veulent pas louer à des populations qu'ils considèrent comme suceptibles de ne pas payer régulièrement leur loyer. Ceci crée une situation de pénurie.

EXCÉDENT
Un excédent signifie que la quantité offerte est supérieure à la quantité demandée. Il y a excédent seulement s'il on est au-dessus de l'équilibre. Si le marché est libre, l'excédent tend à disparaître grâce à une baisse progressive des prix. Par contre, l'excédent perdure si le marché n'est pas libre; c'est-à-dire, si un prix minimum a été institué par le gouvernement. Si le prix minimum est au-dessous de l'équilibre, il n'est pas pertinent et n'a aucun effet sur le marché.

Graphique G-MIC1.5

Les prix de beaucoup de produits agricoles, tels que le lait par exemple, sont soutenus par le gouvernement. Ces prix plus hauts que le prix d'équilibre encouragent les agriculteurs à produire trop : d'où des situations d'excédents. Par exemple, dans les années 80, le gouvernement américain a dû faire du fromage avec l'excédent de lait, et le distribuer gratuitement à des personnes démunies.

COURBES D'INDIFFÉRENCE
Les courbes d'indifférence montrent les combinaisons de deux marchandises qu'un individu serait disposé à acheter indifférement en étant satisfait quelque soit l'alternative choisie. Les courbes d'indifférence présupposent que plus est préféré à moins. Vue de l'origine, elles sont convexes. Les courbes d'indifférence présentent la gamme de tous les niveaux de satisfaction.

Graphique G-MIC1.6

On pourrait représenter ainsi la liste de courses de n'importe quel consommateur. Au-delà d'un certain minimum nécessaire de base, les achats sont question de choix entre divers articles qui peuvent fournir une satisfaction équivalente. Les courbes d'indifférence illustrent ce modèle de satisfaction équivalente de consommation d'une combinaison de marchandises choisies.

TAUX MARGINAL DE SUBSTITUTION
La quantité d'un bien à laquelle un individu doit renoncer pour permettre d'augmenter la quantité d'un autre bien tout en le laissant indifférent s'appelle le taux marginal de substitution. Ce taux marginal de substitution est représenté graphiquement par une tangente à la courbe d'indifférence. Le taux marginal de substitution est décroissant. On peut le vérifier parce que les courbes d'indifférence, vues de l'origine, sont convexes.

LIGNE BUDGÉTAIRE
La ligne budgétaire est le lieu des combinaisons de deux marchandises qu'un individu peut se permettre d'acheter avec son revenu. La pente de la ligne est le rapport des prix des deux marchandises: Pa/Pb ou prix relatif de chacun des biens.

Graphique G-MIC1.7

Une mère de famille allant au supermarché avec une somme d'argent précise, sait exactement le maximum qu'elle peut dépenser, mais les proportions des différents articles peuvent changer.

POINT DE TANGENCE
Le point d'équilibre qui donnera le maximum de satisfaction au consommateur dans la mesure de ses capacités, est au point de tangence de la ligne budgétaire avec la courbe d'indifférence la plus haute.

Graphique G-MIC1.8

DÉDUCTION DE LA DEMANDE
On peut extraire et analyser la demande d'un bien à partir des courbes d'indifférence. Si on modifie le prix du bien en question, on observe alors qu'il en résulte un décalage de la ligne budgétaire, entraînant le point d'équilibre dans ce mouvement, et indiquant une modification de la quantité achetée de ce bien.

Test de révision

Devoirs

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