ANALYSE FINANCIERE  © John Petroff Traduction: Françoise BRUNELLE, Christian Brigouleix Source: PEOI

 


Chapitre 8 B- Cycle de Trésorerie

B- Cycle de Trésorerie

L'analyse de la liquidité commence souvent par le calcul du ratio de fond de roulement. Mais ce ratio (comme beaucoup d'autres ratios) dépend beaucoup du type de secteur et du type d'entreprise à l'étude. Le point de départ proposé pour notre étude sera d’analyser plusieurs types de secteurs. Six secteurs sont choisis pour illustrer que le besoin d'actif disponible est différent. Les besoins de liquidité dépendent du cycle de trésorerie de chaque type d'entreprise. Ce cycle représente le mouvement de circulation des fonds disponibles ou fond de roulement (c.-à-d. ressources liquides) pendant le cycle de production, depuis les dépenses initiales d’approvisionnement de matière première jusqu’aux rentrées des revenus des ventes.

Certains cycles sont très courts (par exemple, le plus court est probablement celui du parieur avec le bookmaker au champ de course), et d’autres sont très longs (par exemple l’élevage des éléphants peut prendre plus d'une génération humaine). Tout débute par des dépenses de liquide pour l'achat de fournitures auquelles s'ajoutent les salaires des ouvriers pour convertir les matières premières en produits finis, qui, à leur tour, vont entraîner des ventes aboutissant aux effets à recevoir dont les paiements vont résulter, alimentant ainsi le solde de caisse. La longueur du cycle de trésorerie d'une entreprise peut être estimée en combinant la durée de rotation des stocks mesurée par le nombre de jours où un article reste en inventaire (Days Sale in Inventory ou DSI), plus le nombre de jours nécessaires aux clients pour payer (Days Sales Oustanding ou DSO), moins le nombre de jours de termes de paiement accordés par les fournisseurs (Days Purchases Oustanding ou DPO). Le tableau T-8.2 ci dessous présente la longueur de cycle de trésorerie de 6 secteurs américains d'activité (calculée en 1993), ainsi que plusieurs ratios de liquidité.

Tableau T-8.2

Ratios choisis pour six secteurs d'activité des USA en 1993
G M W R U S
Ratio de fond de roulement

2,6

1,7

1,4

1,1

1,4

1

Ratio de trésorerie

1,3

0,8

0,9

0,5

1,2

1

DSO (jours)

43

55

41

3

51

9

DSI (jours)

89

70

26

14

-

-

DPO (jours)

45

29

27

12

-

-

Cycle de trésorerie (jours)

91

96

40

5

51

9

NWC

36%

26%

27%

5%

9%

-2%

G = Fabricants dans secteur en croissance - Industrie pharmaceutique, SIC 2833
M = Fabricants dans secteur cyclique - Machines, SIC 3561
W = Grossistes - Ameublement, SIC 5021
R = Détaillants - Alimentaire, SIC 5411
U = Télécommunications, SIC 4812
S = Secteur tertiaire - Agences de voyage, SIC 4724
Source: Robert Morris Associates, " Annual Statements Studies, 1994"

Avant de commencer une interprétation des chiffres du Tableau T-8.2 il est nécessaire tout d'abord de commenter les données elle-mêmes. L’estimation du cycle de trésorerie est quelque peu défectueuse pour les entreprises de fabrication qui nécessitent du temps supplémentaire pour la production, et dont les inventaires de matières premières et des en-cours de fabrication sont sous-évalués par rapport aux ventes. Comme nous le verrons plus loin, cette déformation ne semble pas interférer avec la portée des conclusions tirées des statistiques. Examinons comment la structure du bilan est affectée par le cycle de trésorerie dans ces six secteurs différents.

Le choix des secteurs a été guidé par le souci de montrer des ratios d’entreprises dont les stratégies et les besoins sont très différents (en revanche, les ratios moyens des secteurs en totalité sont bien moins disparates, comme on peut le voir dans le Tableau T-8.4, Ratios médians de 80.000 entreprises américaines dans huit secteurs en 1999.) Pour éviter l'accumulation d’entreprises disparates, un seul groupe de taille d’entreprises a été choisi : celui de moindre dispersion. De plus, tous les secteurs devaient avoir un nombre suffisant d'entreprises dans la sélection (pas moins de 10) pour ce groupe. Parmi les six groupes de taille différente disponibles, celui qui s'est avéré être le plus approprié était le groupe d'entreprises avec des ventes de $10 à $25 millions, qui est le second derrière le plus grand groupe avec des ventes de plus de $25 millions. Nous montrerons plus tard que les petites entreprises tendent à avoir de grandes variations de performance et que les grosses sociétés ont souvent des gammes de produits qui relèvent de plusieurs autres secteurs. Le choix d’entreprises de taille moyenne semble donc le plus approprié.

Tirons maintenant quelques conclusions des données présentées. A partir du Tableau T-8.2, on peut observer que le secteur de la fabrication présente naturellement des cycles de trésorerie beaucoup plus longs que n'importe quel autre secteur (et ceci malgré la sous-estimation connue des inventaires) : L’industrie pharmaceutique a un cycle de 91 jours et les fabricants de machine 96. Les magasins d’alimentation ont le cycle le plus court, 5 jours, en dépit de leurs stocks importants (25% de l’actif total). Comme on pouvait s’y attendre, le secteur tertiaire a des cycles courts, avec juste 9 jours pour les agences de voyage. Mais les compagnies téléphoniques donnent à leurs clients beaucoup de temps pour payer, ce qui résulte en un cycle plutôt long de 51 jours. Les grossistes utilisent les effets à recevoir plus que tout autre secteur dans la sélection (en effet ces montants représentent 45% des actifs totaux); et pourtant, leur cycle est à peine de 40 jours car ils parviennent à utiliser le crédit qui leur est accordé par les fabricants de meubles pour financer leurs stocks (en fait, leurs effets à payer sont en moyenne de 27 jours, ce qui est bizarrement plus long que la durée de rotation du stock, de 26 jours).

En 1995, les entreprises de détail russes avaient des fonds de roulement très importants représentant 96% des actifs totaux (alors qu'aux Etats-Unis le même commerce de détail avait seulement 45% de ses actifs dans le fonds de roulement). Etonnamment, plus du tiers du fond de roulement était en espèces (35% ) bien que le fait d’avoir à maintenir des réserves liquides élevées coûte  très cher en période d’inflation prononcée. Apparemment, les entreprises russes maintenaient de telles réserves à cause de la probabilité élevée de faillites résultant de conditions économiques extrêmement instables.

Voir les questions de révision de Q-8B.1 à Q-8B.9

Voir les travaux de recherche de R-8B.1 à R-8B.3.

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