ANALYSE FINANCIERE  © John Petroff Traduction: Françoise BRUNELLE, Bertrand BAUDELET Source: PEOI

 


Chapitre 3 C- Evaluation du crédit bancaire

C- Evaluation du crédit bancaire

 

L'évaluation des prêts faits par les banques et les diverses dettes résultant des ventes sur des créances impayées, des crédits-bail ou d'autres contrats financiers, est réalisée à deux moments différents : avant que l'emprunt soit émis, la vente accomplie ou le contrat exécuté, et ensuite. Une fois qu'un débiteur a contracté un engagement, le créancier s'attend au total respect de cet engagement. N'importe quel manque réel ou potentiel de respect de ces engagements diminue la valeur des capitaux, rend nécessaire des actions via une agence de recouvrement ou un service de crédit et a souvent pour conséquence la création de provisions pour pertes potentielles. La décision la plus importante est à prendre au début du prêt ou du contrat. Pour des créances impayées et nombre d'autres formes de contrats, l'évaluation initiale est sous forme d'une évaluation du risque actuel du client. Si le risque est excessif, le taux de profit d'une vente ou du contrat sera simplement insuffisant et la vente ou le contrat rejeté. Dans le reste de cette section, la discussion traitera seulement des crédits bancaires.

Voir les questions de révision Q-3c.1 et Q-3c.2

1) - Le prix initial du crédit

Une fois que l'idée de prêt est acceptée par un officier de prêt (aussi longtemps que le prêt correspond à la stratégie de la banque décrite dans la section du chapitre 4 B), elle implique que le risque pour ce client a été jugé ne pas être excessif (c.-à-d. il n'y a pas de doute raisonnable que le prêt ne soit pas remboursé). Alors, l'officier de prêt a plusieurs possibilités pour structurer le prêt, de sorte que le prêt soit approprié pour le client et profitable pour la banque. L'intérêt demandé par la banque est le prix du prêt. L'intérêt demandé dépend de plusieurs facteurs : le coût des fonds pour la banque, le type de prêt, le risque du prêt, les honoraires chargés et les autres occasions de revenu associées à l'emprunteur, qui seront passées en revue ci-dessous.

a) - Coût des fonds pour la banque
Le coût des fonds pour la banque est naturellement un minimum pour tous les prêts. C'est habituellement le plus grand composant du taux d'intérêt demandé. [ Chaque % au-dessus de ce taux est mentionné comme un point, et chaque centième de % est un point de base. ] Le plus souvent, le coût des fonds est calculé comme la moyenne des intérêts payés sur différentes sources (dépôts à vue, carnets de dépôts, emprunt interbancaire et obligations à long terme), plus le coût de maintien des réserves exigées liées à ces fonds et le coût d'attraction de nouveaux fonds. Parfois, au lieu du coût moyen, un coût marginal d'acquisition de nouveaux fonds est employé, particulièrement quand des changements de conditions économiques sont prévus pour apporter des changements aux marchés monétaires. En outre, le coût des fonds est affecté par la durée de remboursement du prêt et la durée ou la maturité des ressources de la banque. La banque peut soutenir un risque significatif quand la structure des taux d'intérêt change à terme (voir section D-4 du chapitre 2), et que la banque doit compenser cette exposition en chargeant des taux plus élevés et/ou plus de garanties (voir section B-1 du chapitre 4 ).

b) - La structure du prêt
Le choix parmi des types de prêt peut être entre
- prêt personnel,
- prêt de crédit permanent (revolving),
- prêt personnel avec une mise en gage des sommes à recevoir ou du stock,
- prêt à terme avec ou sans hypothèque.
Comme justifié par une structure normalement ascendante de durée discutée dans la section D-4 du chapitre 2 l'intérêt chargé sur une plus longue durée est habituellement plus élevé. La présence de garanties (c.-à-d. sommes à recevoir, stock ou hypothèque mis en gage) réduit le risque légèrement et permet un taux inférieur.

c) - Le risque du prêt
C'est la charge de la probabilité que le prêt devienne une perte pour la banque. La probabilité de défaut de l'emprunteur est au coeur de l'analyse conduite par l'officier de prêt et le service du crédit. L'approche systématique est l'installation d'un système d'évaluation. Dans ce système d'évaluation, des points de catégorie (c.-à-d. pas des pourcentages !) sont assignés à chacun des éléments liés au prêt:

- but du prêt
- source de remboursement
- durée
- force et caractère financiers de l'emprunteur
- adéquation du capital
- qualité des comptes de résultats et des procédures de comptabilité
- capacité à faire face aux engagements actuels
- qualité de la gestion
- exactitude de la documentation
- références et historique de crédit
- qualité de la garantie (si existante)
- les rapports avec la banque
De nombreux systèmes d'évaluation sont trouvés dans les banques et dans les manuels de prêt commerciaux. Dans la majorité, ils consistent à assigner une évaluation pour chacun des éléments ci-dessus dans une matrice de risque de crédit. La combinaison des évaluations correspond à quelques points de pourcentage appliqués (c.-à-d. de 0,1% jusqu'à 3% ou 4%) en plus ou en moins du taux de référence bancaire . Le taux de référence bancaire est le taux qui couvre le coût des fonds (discutés ci-dessus) et qui rejoint les objectifs de rentabilité de la banque suivant sa structure de capitaux. Le taux de référence aux USA était appelé taux préférentiel car il était appliqué comme taux aux meilleurs clients (ou clients privilégiés) de la banque (c.-à-d. les clients qu'une banque a considéré comme n'ayant aucun risque de crédit). Cependant, en raison des pressions de la concurrence, les banques ont prêté à taux plus bas que le taux préférentiel et l'expression a été discréditée et a perdu une partie de sa signification.

d) - Les frais d'honoraires
La banque doit facturer à ses clients les coûts et les services en liaison avec le prêt. Ces frais sont souvent compris dans le taux d'intérêt mais parfois des honoraires peuvent être stipulés séparément. Il y a toujours des coûts administratifs et des coûts de service résultant du travail effectué par l'officier de prêt pour son analyse et par le département opérationnelle pour le débours et la collecte du prêt . Cette charge est relativement importante pour des petits prêts. Quand une garantie est mise en gage, l'inspection, l'évaluation, le stockage et la surveillance des mouvements des capitaux mis en gage représente les coûts qui doivent être transmis à l'emprunteur. Dans le cas d'un bien immobilier, la recherche d'origine peut être facturée. La banque peut également facturer le coût du maintien des réserves exigées correspondant au montant du prêt ou exiger qu'une partie du prêt soit maintenue sur le compte courant de l'emprunteur, dans ce cas ce montant s'appelle une balance de compensation.

e) - Le revenu bancaire
Les banques assignent une marge bénéficiaire (ou intérêt écarté) qui est ajoutée au coût des fonds. En outre, le revenu est protégé en offrant aux clients le choix d'un taux flottant (c.-à-d. taux variable ou indexé) ou un taux fixe plus élevé. Quand un taux variable est employé, un plafond et un plancher sont stipulés pour réduire une charge excessive pour l'une ou l'autre partie. Les banques gagnent également leur revenu sur les commissions d'engagement qui sont facturées sur la partie inutilisée d'un prêt ainsi que sur les pénalités de paiement anticipé protègeant le revenu de la banque. Enfin, l'emprunteur peut aussi produire du revenu pour la banque dans des services de non-prêt que la banque peut fournir, comme les paiements, le commerce de valeurs, le cash ou l'administration de confiance.

-- exemple de l'évaluation de prêt --

Voir les questions de révision Q-3c1.1 à Q-3c1.21

Voir le travail de recherche R-3.6

2) - Réévaluation du risque de prêt :

La surveillance des crédits bancaires est décrite dans la section B 4 du prochain chapitre. Le rang des prêts par les banques est plus subtil qu'un simple programme de vieillissement (voir pour une entreprise non financière au chapitre 8 section G-3) et démontre l'analyse additionnelle qui entre en ligne de compte dans la surveillance de ses clients par l'officier de prêt . En plus de la surveillance par l'officier de prêt, tous les prêts sont passés en revue périodiquement par des analystes dans le service du crédit. Comme décrit dans la section B-3 du prochain chapitre, cette revision aide à classifier les prêts dans un système de rang et à vérifier que le portefeuille de prêts est en conformité avec la stratégie de la banque.

Un tel système range les prêts de 1 à 9 avec la signification suivante :
1 : productif
2 : productif mais avec un risque potentiel
3 : productif mais le client a éprouvé des difficultés
4 : productif mais le cash-flow est en diminution
5 : le client a un non-paiement de moins de 30 jours
6 : le client a un non-paiement de plus de 30 jours mais de moins de 90 jours
7 : faible probabilité de remboursement
8 : improductif, des procédures légales ont été lancées
9 : aucune chance de remboursement

Le système de rang permet d'établir sans ambiguïté le risque existant dans tous les prêts de la banque d'une façon uniforme et de prévoir des provisions selon les rangs. Les dotations aux provisions illustrent l'évaluation la plus basse des prêts. Chaque banque est libre de créer des provisions selon ses besoins. Beaucoup préfèrent prendre des mesures rapides pour aider un client (si possible) ou pour passer en pertes le prêt. La classification commune des prêts qui en résulte permet de déterminer quelle provision doit être mise en oeuvre:
- difficultés initiales et paiement en retard: provision de 20%,
- prêt improductif : provision de 50%,
- remboursement peu probable: provision de 100%.
(La prise de mesures rapides a eu comme conséquence un bas niveau de pertes sur les prêts aux Etats-Unis où il est en moyenne autour de 2 à 3% des prêts.)

La classification des encours et la dotation aux provisions permet à une banque d'évaluer chacun de ses prêts et tout son portefeuille de prêts.

En Russie, les banques emploient aussi un système de rang pour refléter les changements de conditions de leurs prêts. La dotation aux provisions est dictée par les règlements bancaires qui empêchent de lever des provisions jusqu'à ce que le non-paiement de l'emprunteur soit certain. Ce délai pour entreprendre une action a contribué à une plus grande proportion de prêts non-remboursés dans les comptes. Le résultat est que plus de 25% des prêts sont non-remboursés, ce qui est très inquiétant pour des portefeuilles d'actifs de beaucoup de banques et même pour la survie de certaines d'entre elles. En outre, beaucoup de prêts qui ont leurs durées prolongées ne sont pas inclus en tant que prêts non-remboursés.

Voir les questions de révision Q-3C2.1 à Q-3C2.5

Voir le devoir de recherche R-3.7

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