ANALYSE FINANCIERE  © John Petroff Traduction: Françoise BRUNELLE, Lydie Laforet Source: PEOI

 


Chapitre 15 C-6- Prévisions de taux d'intérêt

6) - Prévisions des taux d'intérêt

Les prévisions des taux d'intérêt sont étroitement liées aux prévisions des cycles conjoncturels puisque les théories, comme l'histoire, montrent que les variations des taux d'intérêt ne sont pas uniquement parallèles aux cycle économiques, mais bien une des causes principales des changements dans le crédit, et donc, de la croissance et de la récession. Historiquement, il y a eu des exemples de taux d'intérêt élevés lors de récessions, comme en 1980 et 1982. Mais la cause majeure était l'inflation (liée à la crise pétrolière): on parlait alors de stagflation. Cela montre que les prévisions des taux d'intérêt exigent une analyse de chacun des six composants catalogués dans la section D du chapitre 2 (inflation, non-utilisation de l'argent ou de la demande d'investissement, préférence pour la liquidité, composante temporelle, politique monétaire, et prime de risque). Nous pouvons ignorer la prime de risque et la composante temporelle, comme spécifiques aux capitaux privés, bien que certaines stratégies (par exemple augmenter la courbe de rendement tel que décrit dans la section D-2 du chapitre 4 ) se concentrent spécifiquement sur ces aspects.

Pour simplifier l'analyse, certains seraient tentés de négliger l'inflation puisque les décisions financières se basent généralement sur les taux réels et non nominaux. Mais l'inflation a un double effet : d'abord elle représente une perte de pouvoir d'achat de l'argent, mais c'est aussi la cause d'une politique monétaire restrictive. Et une telle politique va à terme conduire à une hausse des taux d'intérêt réels. Ainsi il est inévitable de s'intéresser à l'inflation. Initialement définie comme une augmentation générale des prix, l'inflation est parfois liée à une demande excessive (par exemple à cause d'une augmentation du revenu disponible), parfois à des goulets d'étranglement dans la production ou les canaux de distribution des marchandises, et souvent à un mécanisme de transfert des coûts de production (salaires, matières premières ou énergie). Récemment l'inflation a été considérée comme un phénomène entièrement monétaire lié à une création monétaire excessive. Puisque c'est bien la création monétaire que la politique monétaire est censée contrôler, la présence d'inflation traduit une décision discrétionnaire de la banque centrale. Prévoir la politique de la banque centrale est très difficile du fait des ramifications politiques (voir la note N-15.1 . Parmi les pays occidentaux, le volume des réserves des banques peut indiquer la nécessité d'agir pour la banque centrale, mais les prévisions sont difficiles (bien que ce soit devenu plus facile dans la deuxième moitié du siècle passé où l'inflation était modérée).

Pour les pays où les banques centrales sont incapables de maîtriser l'inflation, les prévisions sont aussi risquées que la roulette russe. Dans ces pays, la source principale d'inflation élevée est lié au financement par le gouvernement de son déficit budgétaire. Bien que d'autres raisons soient parfois présentées, telles que des importations excessives et d'autres problèmes de devises, la cause principale est le déficit budgétaire dû aux dépenses du gouvernement. Dans ces cas-là, l'extrapolation de la tendance à court terme est la seule alternative raisonnable, avec un ajustement à la hausse si de plus grands déficits budgétaires sont prévus pour l'année suivante.

Revenons aux deux composants des taux d'intérêt restant, la compensation pour le non-usage de l'argent (ou de la demande d'investissement) et la préférence pour la liquidité. Il est beaucoup plus facile de prévoir ces deux composants parce qu' ils sont étroitement corrélés avec les cycles conjoncturels. En effet, comme nous l'avons montré dans le Tableau T-15.3 le taux préférentiel est inclus en tant qu'indicateur de ralentissement du cycle économique aux Etats-Unis. Dans la section D-3 du chapitre 2 on a démontré que la préférence pour la liquidité est inversement liée à la vitesse de circulation de l'argent et des taux d'intérêt : quand les gens veulent dépenser plus, les taux d'intérêt montent, et, quand les gens veulent épargner, les taux d'intérêt baissent. Ainsi, les taux d'intérêt réels peuvent être estimés de la même façon que les cycles conjoncturels. L'analyse des séries chronologiques et l'appréciation peuvent être utiles dans ce domaine. Les tables d'entrée-sortie sont par contre inadéquates. Les modèles économétriques ne semblent pas être adaptés pour de telles prévisions (par exemple dans Wharton, Klein-Goldberger et Chase Econometrics, les taux d'intérêt ne sont pas endogènes, mais déterminés par le taux d'escompte de la banque centrale et des réserves excessives des banques, qui sont toutes deux reprises dans l'exemple de la section C-1 de ce chapitre .

Voir les questions de révision de Q-15C6.1 à Q-15C6.9

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