ANALYSE FINANCIERE  © John Petroff Traduction: Françoise BRUNELLE, Christian Brigouleix Source: PEOI

 


Chapitre 13 B-2- Bénéfice par action

2) - Bénéfice par action

Pour l'évaluation des actions par des investisseurs, le bénéfice par action est la statistique la plus utile. Le bénéfice par action (BPA) est simplement le bénéfice net après impôt (profit after tax PAT) divisé par le nombre d'actions souscrites, émises et en circulation N.

BPA = PAT / N

Un ajustement est nécessaire si le nombre d'actions en circulation a changé au cours de l'année en raison des dividendes en action, des fractionnements d'actions (actions gratuites), des options d'achat d'actions exercées, d'émission d'actions nouvelles ou du rachat d'actions par l'entreprise. Dans ce cas, une moyenne pondérée est utilisée au dénominateur où les facteurs de pondération sont le nombre de jours de l'année pendant lesquels chaque quantité différente d'actions a été en circulation (excepté en cas de dividendes en actions ou de fractionnement d'actions, où le changement est rétroactif au début de l'année fiscale).

Nous calculerons d'abord le revenu par action en utilisant les données de Timken. Dans le Tableau. T-6.1 Comptes de Résultats de Timken 1997-99, - nous prenons les bénéfices nets après impôt pour 1999 de $ 62.624 millions. Comme Timken n'a pas d'actions privilégiées, ce montant est à la disposition des actionnaires ordinaires. La note n°3 des notes au bilan consolidé indique que le nombre d'actions autorisées, émises et en circulation, a été calculé en tant que moyenne pondérée de 61.795.162 pour 1999. Le bénéfice par action est de

BPA = 62.624.000 / 61.795.162 = $1,01

Le bénéfice net après impôt doit être réduit s'il y a des actions privilégiées qui octroient des dividendes fixes (DPS). La statistique s'appelle alors le revenu par action ordinaire (EPSCS)

EPSCS = (PAT – DPS) / Moyenne(N)

Les gains ou dépenses extraordinaires, les cessations d'activité, et l'effet cumulatif des changements dans la comptabilité doivent être exclus du BPA et être pris en compte séparément au niveau de chaque action. Par exemple, ce serait le cas si une entreprise abandonnait une partie importante de son activité suite à une expropriation ou à une catastrophe. Répétons-le, l'objet est de montrer séparément ce qui est considéré comme un résultat d'exploitation normale et ce qui ne l'est pas. Notez que si la définition de ce qui est une exploitation normale change lors d'une année donnée, l'entreprise devrait également montrer un ajustement des résultats et du BPA des années antérieures.

Par exemple, dans le Rapport Annuel de Lucent Technologies pour 1999, les revenus par action ordinaire sont montrés avec la décomposition suivante

Revenu avant effet cumulatif de changement dans la comptabilité $1,14
Effet cumulatif de changement dans la comptabilité 0,43
Revenu net 1,57

Des ajustements beaucoup plus importants sont exigés pour les bénéfices par action des sociétés qui ont une structure financière complexe, à savoir, qui ont des titres ou des accords permettant la conversion ou l'achat d'actions ordinaires. De tels titres s'appellent des actions ordinaires potentielles pour ce qui est du calcul du bénéfice par action. Ces actions ordinaires potentielles peuvent occasionner la dilution des revenus de l'entreprise (le revenu est réduit en étant divisé par un plus grand nombre d'actions). Depuis 1997, les sociétés américaines doivent produire deux calculs des revenus par action de base et dilué.

a) - Revenus de base par action

Le revenu de base par action (BEPS) est calculé exactement comme revenu par action ordinaire ci-dessus.

BEPS = (PAT - DPS / Average(N)

où PAT = bénéfice net après impôt
DPS = dividende d'action privilégiée < DT>N = quantité d'actions ordinaires en circulation

Pour un deuxième exemple de calcul du BPA, prenons Delta AirLines qui a une structure financière complexe. Le bénéfice net après impôts pour 1999 de $ 1.101 millions provient du Tableau T-6.11 Compte de Résultat de Delta Air Line. Delta a distribué $ 11 millions de dividendes d'actions privilégiées, laissant $ 1.090 millions de revenu disponible aux actionnaires ordinaires. La note n°14 annexée au bilan indique que la quantité moyenne pondérée d'actions en circulation était 142.900.000 pour l'année. Le revenu de base par action en 1999 était donc

BEPS = 1.090.000.000 / 142.900.000 = 7,6277 ou $ 7,63

b) - Revenus dilués par action

Les revenus dilués par action sont calculés seulement si l'entreprise dérive un bénéfice d'une activité continue. Si elle a une perte, le revenu dilué par action est identique au revenu de base par action.

Le revenu dilué par action est calculé i) en re-intégrant au bénéfice après impôt dans le numérateur les montants distribués aux actions ordinaires potentielles, et ii) en ajoutant ces actions ordinaires potentielles à la moyenne pondérée des actions ordinaires au dénominateur, dans la mesure où les actions ordinaires potentielles ont un effet de dilution (c.-à-d, si elles diminuent le revenu de base des actions). Un effet incrémentiel par action est calculé pour chaque groupe d'actions ordinaires potentielles. Les effets incrémentiels par action sont classés, et ajoutés un par un, en ordre décroissant, aux revenus de base par action (c.-à-d. en ajoutant des paiements au numérateur, et en ajoutant des actions ordinaires potentielles en moyenne pondérée d'actions), jusqu'à ce qu' il n'y ait plus d'effet de dilution créé par les actions ordinaires potentielles restantes.

Ce qui suit est une liste des types les plus importants d'actions ordinaires potentielles:
- obligations convertibles en actions ordinaires,
- actions privilégiées convertibles en actions ordinaires,
- droits distribués aux actionnaires existants leur donnant un droit de préemption pour acheter un nombre (ou une fraction) d'actions ordinaires à un prix fixé,
- bons de souscription attachés aux obligations donnant au porteur le droit d'acquérir un nombre (ou une fraction) d'actions ordinaires à un prix fixé,
- titres de filiales convertibles en actions de la maison mère,
- options d'achat d'actions autorisant certains employés (cadres principaux le plus souvent) à acheter des actions ordinaires à bas prix,
- actions spéciales que l'entreprise s'est engagée à émettre à une certaine date future ou quand certaines conditions sont remplies. .

Pour des actions ordinaires potentielles tels que des bons de souscription, qui nécessitent le paiement ou la souscription, le montant reçu par l'entreprise est considéré être utilisé pour acquérir des actions rachetées (c.-à-d. réduisant les actions en circulation). Les titres convertibles sont inclus comme "si-convertis" (c.-à-d. que le titre convertible est présumé converti). Les titres convertibles en circulation en début d'année sont considérés comme convertis pendant l'année entière. Les titres convertibles émis pendant l'année sont considérés comme convertis à la date du jour de leur émission, et l'effet incrémentiel par action est calculé en divisant le revenu réel payé aux porteurs de ces valeurs (net d'impôt), par la moyenne pondérée (durée) de ces actions ordinaires potentielles. Pour connaitre ces détails et d'autres concernant le calcul des revenus par action des entreprises américaines, il est suggéré de consulter Financial Accounting Standards Statements 128 and 129, "Earnings per Share", publié par the Financial Accounting Standards Board en 1997, ou the International Accounting Standard No. 33, publié par the IASC au même moment et sur le même sujet.

La note annexée aux comptes financiers de l'entreprise, où la dérivation des revenus par action, de base et dilués, est présentée, doit montrer les actions ordinaires potentielles qui n'étaient pas incluses dans les revenus par action dilués parce que leur effet n'était pas dilutif. Ainsi, pour les actions ordinaires potentielles (PCS) qui sont dilutives, le numérateur et le dénominateur du BPA sont tous les deux modifiés. L'intérêt payé sur de telles obligations - IPCS - (net d'impôt sur le revenu) est réintégré dans le bénéfice après impôts PAT, les dividendes d'action privilégiée DPS qui ne sont pas dilutifs sont déduits du bénéfice, comme ils l'étaient pour des revenus de base par action. (Mais des dividendes d'actions privilégiées qui sont dilutifs ne sont pas déduits des bénéfices.) Au dénominateur, le nombre d'actions ordinaires est augmenté des actions ordinaires potentielles PCS. Puis, si parmi les actions ordinaires potentielles PCS, il y a des actions ordinaires potentielles qui ont un coût d'exercice de droit de souscription, un tel coût est considéré réduire les actions ordinaires en circulation par le nombre d'actions rachetées TSPCS qui seraient achetées avec ces fonds. La formule pour des revenus par action dilués DEPS est

DEPS = (PAT + IPCS-DPS / Average(N + PCS - TSPCS)

Avec Delta Airlines nous continuons le calcul des revenus dilués par action . Nous commençons par le même bénéfice net après impôts de $ 1.101 millions et la moyenne pondérée des actions ordinaires en circulation de 142.900.000 pour 1999. Le bénéfice net après impôts est réduit par le dividende privilégié distribué sur les actions privilégiées non convertibles d'un montant de $ 4 millions, laissant $ 1.097 millions disponibles aux actionnaires communs. Le nombre d'actions ordinaires est augmenté de 4.700.000 actions au titre de souscriptions d'actions et de 4.700.000 au titre de la conversion d'actions privilégiées convertibles de la série B ESOP, pour un total de 152.300.000. Le revenu dilué par action est alors

DEPS = 1.097.000.000 / 152.300.000 = 7,2029 ou $7,20

Avant 1997, dans les rapports annuels des entreprises américaines, on pouvait trouver trois calculs des revenus par action : revenus par action des entreprises sans structure financière complexe, revenus primaires par action et revenus dilués par action pour les entreprises avec une structure financière complexe. Les revenus primaires par action étaient calculés en divisant le bénéfice net par action, PAT, par le nombre d'actions en circulation N plus les titres équivalents à des actions ordinaires CSE. Les titres équivalents à des actions ordinaires étaient les actions que l'entreprise devait émettre quand les porteurs de titres ou de contrats (par exemple obligations convertibles en actions, bons de souscription, options d'achat d'actions) exerçaient leurs droits de conversion ou d'acquisition d'actions ordinaires (c.-à- d. identique à des actions ordinaires potentielles).

La valeur de ces titres CSE ou contrats provenait essentiellement des droits de conversion. En d'autres termes, un porteur de tel CSE avait un intérêt économique à convertir (par exemple le cours du marché d'une action ordinaire était plus élevé que le prix d'exercice du contrat) à n'importe quelle date de son choix. Cependant le porteur d'un CSE pourrait, en fait, surseoir à la conversion afin de tirer profit du double avantage de conserver le CSE. Par exemple, la plupart des actions privilégiées sont souvent convertibles en actions ordinaires sur la base de une pour une, et donc prennent de la valeur en même temps que les actions ordinaires, mais conserver l'action privilégiée procure des dividendes garantis tout en ne perdant pas le droit de conversion, et en évitant le risque d'une baisse du cours : ainsi, la remise à plus tard de la conversion est logique.

Le revenu par action dilué était calculé en ajoutant au dénominateur (N + CSE), toutes les autres actions qui auraient pu devoir être émises en raison des droits de conversion et d'autres accords, même si l'exercice de ces droits de conversion n'était alors pas économiquement justifiable, et aussi longtemps que l'effet était dilutif. Comme le suggère leur nom, on a déclaré le revenu dilué par action pour montrer le revenu minimum auquel une action ordinaire donnerait droit, et il est identique au revenu dilué par action tel que défini aujourd'hui. Les nouvelles règles simplifient légèrement le calcul, mais enlèvent surtout l'ambiguïté de déterminer si la conversion est économiquement justifiable ou non.

Quand le BPA est employé pour calculer la valeur d'une action, par exemple, avec l'aide de multiples de revenus, c'est le revenu de base par action qui est employé. La valeur du revenu par action peut être comparée dans le temps, mais ne peut pas être comparée à d'autres entreprises parce que c'est toujours un montant absolu. Nous allons maintenant étudier les ratios, qui sont des mesures relatives.

Voir les questions de révision de Q-13B2.1 à Q-13B2.16

Voir le travail de recherche R-13B2.1

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