©1989 & 2002 John Petroff. Traduction 2003 Pascale Bolazzi

CHAPITRE 14:

LE TRAVAIL

CONTENU DU COURS
Ce chapitre retrace l'histoire du syndicalisme ouvrier aux Etats-Unis, qui est marquée par trois périodes distinctes : répression, encouragement et surveillance. La dernière partie du cours est consacrée au rôle des syndicats dans la vie conomique.

SYNDICALISME AMÉRICAIN
L’histoire du syndicalisme américain est divisée en trois phases distinctes : une ère de répression au début du 19ème siècle, une période de législation pro-syndicale dans les années 30, et une période de contrôle et d'ingérence depuis la deuxième guerre mondiale.

Les organisations professionnelles sont nées en Europe à l’époque du moyen-âge. Si le syndicalisme ouvrier américain a pu, au début, s’inspirer de ces formes d’organisation, il a aujourd’hui ses propres caractéristiques.

RÉPRESSION DES SYNDICATS
Avant 1930, les syndicats étaient réprimés par le biais de la justice et par l’emploi de ruses tactiques savamment employées par les patrons d’entreprises. Les tribunaux les inculpaient pour « association de malfaiteurs » et « atteinte la liberté du commerce », et par des « mises en demeure » leur interdisant toute action revendicative. Les stratégies utilisées par les entreprises consistaient fermer les usines, licencier les employés qui étaient syndiqués, obliger les nouveaux employés à signer des clauses de non –syndicalisation lors des signatures des contrats d’embauche, et à proposer des syndicats « maison » très paternalistes.

Avant 1932, un employeur pouvait obliger un employé signer un contrat par lequel il s’engageait à ne pas adhérer à un syndicat. Cela s'appelle une « clause de non-syndicalisation ». Si par la suite, cet employé adhérait à un syndicat , l'employeur avait le droit de le licencier.

FÉDÉRATION AMÉRICAINE DU TRAVAIL
La fédération américaine du travail (AFL) a été créée en 1886, sous la conduite de Samuel Gompers, et ce malgré la répression que subissaient les syndicats. L'AFL doit son succès à trois principes de base :
- une approche concrète du syndicalisme ouvrier,
- la neutralité politique,
- une autonomie commerciale: elle était composée de syndicats de métiers.

Certains responsables syndicaux étaient inspirés par des idées radicales, qui donnaient lieu à des affrontements violents. Au contraire, Samuel Gompers refusait d’employer la force et passait par la négociation. Il a été capable de démontrer que la Fédération Américaine du Travail tait bénéfique aux entreprises américaines.

LÉGISLATION DES SYNDICATS
Voici les lois principales régissant le syndicalisme aux USA :
- Loi de Norris-LaGuardia de 1932 (interdiction des clauses de non-syndicalisation et des mises en demeure), et
- Loi de Wagner de 1935 (qui a créé le NLRB, et a interdit la discrimination contre les syndicats dans les entreprises).

La grande dépression des années 30 a créé beaucoup de chômage, et a entraîné beaucoup de souffrances chez les ouvriers américains. Mais elle a également fait prendre conscience aux législateurs de Washington qu’une plus grande protection sociale était devenue indispensable. C’est à cette époque qu’a été votée la majeure partie de la législation pro-syndicats.

OFFICE NATIONAL DES RELATIONS DU TRAVAIL
L'office national des relations du travail (NLRB), une commission d’arbitrage du ministère du travail, a été créé en 1935 par la Loi de Wagner. Son but est de faciliter la formation des syndicats. Le NLRB a également pour rôle de veiller au maintien de la loi et de poursuivre en justice les employeurs qui commettent des délits.

Quand les employés d'une entreprise veulent former ou joindre un syndicat, ils en font la demande au NLRB. Le NLRB vérifie que les élections se déroulant au sein des syndicats ne sont pas truquées, et veille à ce que les employés ne soient pas soumis à des pressions anormales les incitant à se syndiquer.

LE CONGRÈS DES SYNDICATS D’INDUSTRIES
Le congrès des syndicats d’industries (CIO) a été formé en 1936 sous la conduite de John L. Lewis. Le rôle du CIO était d’aider les ouvriers peu qualifiés à se syndiquer (à la différence de l’AFL qui défendait les droits des ouvriers très qualifiés.) et de s’unir efficacement pour faire face aux employeurs lors des procédures de négociations collectives. Le CIO se joindra à l'AFL en 1955 pour former la Fédération des Syndicats Indépendants Américains.

La Fédération Américaine du Travail avait été créée principalement pour les ouvriers hautement qualifiés. Elle ne représentait que dans une faible mesure les intérêts des ouvriers non qualifiés et des ouvriers spécialisés qui travaillaient sur les chaînes de montage, qui ne cessaient de se développer. Les intérêts des ouvriers non qualifiés et des ouvriers spécialisés étaient en conflit avec ceux des ouvriers qualifiés, et le congrès des syndicats ouvriers a été créé pour remédier à ce problème.

SURVEILLANCE DES SYNDICATS
Après la deuxième guerre mondiale ont été votées des lois visant à renforcer le contrôle et la surveillance des activités des syndicats:
- Loi de Taft-Hartley de 1947: elle met en évidence les pratiques déloyales en milieu professionnel (telle que la protection abusive des ouvriers, les grèves de solidarité ou illicites), soumet les procédures d'administratives des syndicats à certaines obligations, et prévoit une période de réflexion avant le déclenchement d’une grève,
- Loi de Landrun-Griffing de 1959: elle renforce le contrôle des lections et des comptes des syndicats.

Les syndicats gèrent de grosses sommes d'argent provenant des cotisations des membres syndiqués, et certains d’entre eux - en particulier le syndicat des routiers - ont été infiltrés par des individus indésirables et par le grand banditisme. Une partie de la législation passée depuis 1947 a été votée pour remédier ce problème et pour protéger les intérêts des adhérents.

DÉCLIN DES SYNDICATS
Depuis les années 50, le nombre de salariés syndiqués n’a cessé de décroître, passant de 25% à 15% de la main-d'œuvre salariée. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette régression :
- une structure différente de l'économie, avec le développement du secteur tertiaire, où les syndicats ont des difficultés à maintenir l'adhésion des membres,
- des aides sociales provenant d’autres sources (par exemple sécurité sociale),
- l’évolution des comportements chez les employeurs.

Les petites entreprises et les agences opérant dans le secteur des services (par exemple les agence de voyages, et les agents immobiliers) ont des employés qui sont géographiquement dispersés et très difficile à syndiquer. Ce secteur de l’économie est en pleine expansion aux USA, et de se développe aux dépens de l’industrie traditionnelle. De ce fait, la syndicalisation des ouvriers devient de plus en plus difficile.

INFLUENCE DES SYNDICATS SUR L’ECONOMIE
Les employés qui font partie d’un syndicat ont des salaires de 10 à 15 % plus élevés que ceux des employés non syndiqués. Cependant, on a pu faire remarquer que les professions où la syndicalisation se fait le plus facilement sont également celles qui sont les mieux rémunérées, et que écarts de salaire auraient existé indépendamment de l'intervention des syndicats. Certaines pratiques syndicales restrictives sont considérées comme étant un frein à la création d’emplois. Cependant, on peut estimer que l'influence des syndicats est bénéfique aux entreprises, dans le sens où les syndicats exigent d’elles plus d’efficacité et une utilisation maximale de leurs ressources.

Les syndicats connaissent une baisse de prestige et l’on assiste à une baisse de confiance dans leur efficacité, à cause des des réductions de salaires qu’ils ont pu concéder dans certains contrats. Ce phénomène est né de la récession des années 1981-82, des difficultés rencontrées par certaines entreprises américaines, et de la dérégulation mise en place dans certains secteurs de l’industrie (par exemple, les compagnies aériennes). Ces réductions de salaires ont été obtenues par les employeurs grâce aux lois sur les faillites, tel que, par exemple, dans le cas de la compagnie aérienne américaine Eastern Airlines.

Test de Révision

Devoirs

[Il est important pour nous de savoir ce que vous penser de ce chapitre.
Si vous avez un commentaire, une correction ou une question
se rapportant à ce chapitre, envoyez le à comments@peoi.org .]

Précédent: Redistribution du Revenu

Suivant: Commerce International