PRECIS DE MACRO-ECONOMIE | © 1986, 1990 & 2002 John Petroff. Traduction 2003 Sandrine Cortet. |
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INTRODUCTION
Le but de ce chapitre est d'analyser deux approches différentes
des cycles économiques et des problèmes majeurs
que sont le chômage et l'inflation. Nous présenterons
d'abord la théorie classique. Nous évoquerons ensuite
l'approche de Keynes en tant que critique de la théorie
classique.
THÉORIE CLASSIQUE
La théorie classique est essentiellement l'idée
du "laisser-faire", conviction qu'on retrouve dans le
capitalisme pur. Dans cette vision, les cycles économiques
sont des processus économiques naturels qui ne requièrent
aucune action de la part de l'État.
Dans l'explication de la main invisible par Adam Smith, le processus qui amène les entreprises à produire ce que les consommateurs veulent ne nécessite pas la présence de l'État : l'économie résoud elle même ses propres problèmes. |
LA LOI DE SAY
La loi de Say affirme que l'offre crée sa propre demande.
Ceci signifie que les revenus qui proviennent de la production
de certaines marchandises permettent aux consommateurs d'acheter
les marchandises produites par d'autres. Puisque tout le monde
a besoin d'acheter des marchandises, chacun cherche à produire
des marchandises pour en retirer des revenus et peut ainsi acheter
les marchandises produites. Grâce à ce mécanisme,
marchandises et revenus créent nécessairement un
équilibre perpétuel.
Les travailleurs qui perçoivent des revenus les gagnent pour acheter les diverses marchandises qu'ils désirent. En produisant des marchandises, ces travailleurs créent des revenus avec lesquels ces marchandises peuvent être achetées. |
MARCHÉ MONÉTAIRE CLASSIQUE
S'il s'avère que certains revenus ne soient pas immédiatement
utilisés pour la consommation, les excédents qui
en résultent sont placés sur le marché monétaire
sous forme d'épargne. Dès qu'elle est empruntée,
cette épargne est réinjectée dans l'économie
sous forme d'investissement (gonflement du capital). L'intérêt
payé par les emprunteurs aux épargnants permet de
garantir qu'aucune épargne ne soit retirée du marché
monétaire. Le marché monétaire s'équilibre
par une modulation du taux d'intérêt.
L'intérêt versé aux épargnants quand ils prêtent leur épargne est un encouragement au prêt. Quand le taux d'intérêt est élevé, les gens veulent épargner et prêter plus. De l'autre côté du marché, les emprunteurs ne sont pas encouragés à trop emprunter à cause du taux d'intérêt élevé. Grâce à ce mécanisme, le marché tend au rééquilibrage sous l'influence du taux d'intérêt. |
FLEXIBILITÉ DES PRIX ET DES
SALAIRES
La théorie classique avance que le rééquilibrage
des marchés se produit grâce à la souplesse
des modulations des prix et des salaires. Par exemple, en cas
d'excès de main-d'Suvre (ou de produits), le salaire (ou
le prix) s'ajuste de manière à absorber l'excès.
Si les prix et les salaires sont fluctuants, les marchés se rééquilibrent automatiquement. Si, par exemple, beaucoup de gens sont sans emploi, les entreprises peuvent employer des travailleurs à des salaires inférieurs. Le fait qu'elles emploient alors plus de travailleurs réduit précisément le chômage. |
CHÔMAGE INVOLONTAIRE
Dans la théorie classique, le chômage involontaire
n'existe pas. En effet, une modulation du salaire horaire assure
le ré-emploi des chômeurs. En outre, le besoin des
travailleurs d'acheter des marchandises les encourage à
accepter des emplois même à salaire horaire inférieur.
Si les salaires sont souples comme les économistes classiques le profèrent, une diminution des salaires permet aux entreprises d'employer plus de travailleurs. Les seuls à rester chômeurs sont ceux qui ne sont pas disposés à travailler pour des salaires réduits. |
POLÉMIQUE ENTRE KEYNES ET
LES CLASSIQUES
La théorie de l'emploi de Keynes est construite sur la
base d'une critique de la théorie classique. Dans cette
critique, Keynes argue que les épargnants et les investisseurs
ont des stratégies incompatibles qui ne peuvent pas assurer
un équilibre sur le marché monétaire, que
les prix et les salaires tendent à être rigides d'où
l'impossibilité d'un équilibre sur les marchés
des produits et du travail, et que des périodes de chômage
grave se sont produites (ce que la théorie classique dénigre).
La théorie de Keynes a été développée à la suite de la grande dépression. On pouvait difficilement affirmer que seul le chômage volontaire ne peut exister alors que des millions de travailleurs étaient sans emploi. |
PROCESSUS KEYNESIEN D'EPARGNE-INVESTISSEMENT
Keynes a prouvé que les épargnants et les investisseurs
sont les groupes séparés, qui n'agissent pas nécessairement
les uns sur les autres : des intermédiaires financiers
(i.e. les banques en particulier) s'interposent entre eux. Quand
il y a récession, l'investissement peut ne pas être
égal à l'épargne parce que, même avec
un taux d'intérêt très bas, 1) les emprunteurs
n'anticipent pas de bonnes ventes, 2) les banques ont peur de
prêter aux vues de faillites potentielles, et 3) les épargnants
veulent attendre de plus grands profits. Cela crée un piège
de liquidité dans lequel une certaine partie de l'épargne
est inutilisée.
Les banques ont tendance à être très prudentes dans leurs prêts aux entreprises quand les conditions économiques ne semblent pas prometteuses. Mais, leur l'hésitation pour faire des prêts elle-même aggrave le ralentissement économique. |
RIGIDITÉ KEYNESIENNE DES
PRIX ET DES SALAIRES
Keynes avance que les prix et les salaires ne sont pas fluctuants
comme la théorie classique l'affirme. Les salaires tendent
à être rigides à la baisse parce que les travailleurs
n'acceptent pas des salaires qui ne leur permettent pas de vivre
convenablement; cette situation est renforcée par les actions
des syndicats. Si les salaires sont trop bas, il y a chômage.
Quant aux prix, les entreprises qui produisent des marchandises
à prix élevé préfèrent diminuer
la production et congédier des travailleurs que de réduire
les prix. Leur position de monopole leur permet souvent d'agir
de cette façon
Depuis les années 80, on recense plusieurs cas où les employés ont accepté des réductions de salaire (aux Etats-Unis ainsi que dans d'autres pays) par exemple, dans les lignes aériennes et l'industrie sidérurgique. Hormis ces exceptions, les diminutions de salaire sont extrêmement rares. Le modèle général est celui d'une revalorisation continue, au moins pour amortir les hausses du coût de la vie. |
DEMANDE GLOBALE
Une demande globale représente graphiquement le montant
total que les ménages sont disposés et en mesure
d'acheter à différents niveaux de prix.
Une demande globale peut être considérée comme la combinaison de tous les produits que toutes les personnes d'un pays peuvent vouloir acheter. |
EFFET DES SOLDES REELS
Une courbe de demande globale est descendante en raison de l'effet
des soldes réels. Lorsque les prix sont élevés,
le pouvoir d'achat des actifs monétaires diminue (les soldes
des comptes bancaires ont un pouvoir d'achat moindre), les individus
tendent à se sentir plus pauvres, et, ils achètent
moins. Lorsque les prix sont bas, le pouvoir d'achat des actifs
monétaires augmente, les individus tendent à se
sentir plus riches, et, ils achètent plus.
Il y a un rapport mathématique inverse entre le taux d'intérêt et les actifs financiers. Les marchés des valeurs, tels que la bourse des valeurs de New York, sont très sensibles à l'inflation qui est la source principale de croissance du taux d'intérêt. Cette sensibilité a été constatée dans le krach de la bourse de New York le 19 octobre 1987, ainsi que dans les réactions de la bourse américaine aux abaissements du taux d'intérêt par la banque fédérale de réserves en 2000 et 2001. |
OFFRE GLOBALE
La courbe de l'offre globale est faite de trois segments : la
partie classique est verticale, l'extrémité de Keynes
est horizontale, et, la partie intermédiaire est ascendante.
L'offre globale peut être considérée comme la combinaison de toutes les marchandises que les entreprises produisent : c'est le PNB si on ignore l'État. |
PARTIE CLASSIQUE DE L'OFFRE GLOBALE
La partie classique de l'offre globale est verticale parce que
la théorie classique affirme que les prix varient de sorte
que la production soit toujours au plein emploi. Dans cette partie,
accroître la demande globale accélère l'inflation,
tandis que la contracter réduit l'inflation.
Il y a beaucoup de secteurs de l'économie où tous les réglages se font par des changements de prix. On peut le constater dans toutes les marchandises liées la mode : si une robe génère une forte demande, elle aura un prix élevé; mais si la robe n'est plus à la mode, le prix sera très bas, et, par la suite, elle ne sera plus produite du tout |
PARTIE KEYNESIENNE DE L'OFFRE GLOBALE
La partie Keynesienne de l'offre globale peut se traduire par
la proposition suivante : quand les prix sont très bas,
les entreprises préfèrent diminuer la production
plutôt que de baisser davantage leurs prix et subir des
pertes. Dans cette partie, tout changement de la demande globale
produit un changement de la production. C'est pourquoi, dans le
cas d'une récession la bonne politique gouvernementale
consiste à augmenter la demande globale.
De nombreux secteurs de l'économie subissent très peu de variations de prix mais des changements importants du volume de la production et du nombre d'employés. Par exemple, les rabais qu'offrent les fabricants de voiture ne s'élèvent guerre à plus de 10% de la valeur d'une voiture. Comparé aux variations de prix de l'ordre de 50% voire plus pour les vêtements par exemple, les rabais sur les voitures sont très faibles. Cela s'explique par l'importance des coûts fixes des usines de voiture. Les fermetures d'usines de voitures ne sont pas rares en période de récession. Par exemple les fermetures d'usines Ford aux Etats-Unis en 2002. |
PARTIE INTERMÉDIAIRE DE L'OFFRE
GLOBALE
Cette partie intermédiaire de l'offre globale représente
le cas d'une inflation préliminaire (ou inflation sectorielle)
: quand la demande et la production augmentent, quelques secteurs
de l'économie peuvent souffrir de goulots d'étranglement
et exiger que les prix augmentent parce que le rendement ne le
peut pas.
Quelques secteurs de l'économie s'exposent parfois des changements de prix et de quantité en même temps. Ceci semble être vrai pour tous les secteurs de biens de consommation tels que les radios et télévisions ou les équipements de sport, par exemple. |
POLITIQUES DE DEMANDE GLOBALE
Quand l'intersection de la demande globale et de l'offre globale
se produit dans la partie horizontale Keynesienne, il y a récession
et chômage excessif : la politique gouvernementale recommandée
consiste à stimuler la demande globale. Quand l'intersection
est dans la partie verticale classique, il y a inflation : la
politique gouvernementale recommandée consiste à
contracter la demande globale.
Tout au long des années 60 et 70, l'administration américaine a mis l'accent sur la stimulation de la demande globale pour contrôler le chômage. Le contrôle de l'inflation a été permis par des changements fiscaux, ou par des contrôles des prix et des salaires. |
POLITIQUES DES RESOURCES
La validité des politiques gouvernementales des ressources
peuvent être démontrées en étudiant
les périodes de stagflation (prix élevés
et niveau de production bas) qui a produit un mouvement de l'offre
globale vers le haut. La politique recommandée alors n'est
pas d'accroître une demande globale qui s'ajouterait à
l'inflation, mais d'orienter l'offre globale vers le bas par une
réduction des coûts de production.
Dans les années 1980, l'administration américaine a essayé de contrôler l'économie en prêtant plus d'attention à la partie "offre" de l'économie. Plus particulièrement, les coûts de production ont été affectés par de nombreuses réglementations, restrictions et subventions décrétées par différents organismes gouvernementaux dont l'administration américaine s'est efforcée de réduire l'action. |
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