© 2000 John Petroff  

C- Conversion des comptes annuels traditionnels russes en normes internationales de comptabilité

 

5)- Evaluation des effets de la conversion

Si on analyse la conversion des comptes financiers annuels russes en normes internationales de comptabilité de l'exercice précédent, on peut en tirer les conclusions suivantes pour chacun des objectifs et des limites de la compabilité.

a) Pertinence :

Plusieurs postes sans intérêt, comme les stocks divers ou les immobilisations improductives, disparaissent normalement dans le processus de conversion. Ceci rend le bilan nettement plus pertinent. De même, dans le compte d'exploitation, les autres revenus et pertes prennent moins d'importance tandis que la répartition des frais en prend davantage : c'est aussi un grand avantage de cette conversion.

b) Objectivité :

L'objectivité serait plus grande si les chiffres étaient plus vérifiables et moins sujets à estimation. La conversion du bilan a obligé à rassembler plusieurs lignes, ce qui les a rendues moins vérifiables. Mais, dans le compte d'exploitation, c'est le contraire qui s'est passé puisque les dépenses ont fait apparaitre des informations plus détaillées. Si on reconnait que les informations du compte d'exploitation sont plus importantes que celles du bilan, on doit conclure à un progrès apporté par le résultat de la conversion. (Cependant, les nouveaux chiffres de la répartition des frais doivent être des chiffres réels obtenus de l'entreprise et non, comme dans le cas d'étude ci-dessus, des chiffres inventés à titre d'illustration.)

c) Comparabilité :

On doit pouvoir comparer tous les chiffres d'une année sur l'autre. La conversion n'améliore pas la comparabilité des comptes financiers. De plus, un gros problème de manque de comparabilité découle de l'inflation et rien n'a été fait pour corriger ses effets. Il n'y a donc pas d'amélioration dans ce domaine. Il pourrait même y avoir détérioration car certains chiffres du bilan sont moins détaillés.

d) Clarté :

Comme il y a moins d'éléments marquants dans le bilan, la clarté est nettement améliorée. Et le grand nombre d'éléments dans la section dépenses du compte d'exploitation est compensé par la réduction des éléments marginaux dans la section autres revenus et pertes. Dans l'ensemble, ceci représente une réelle amélioration. [Remarque : les comptables russes n'étaient pas d'accord avec cette conclusion car ils avaient l'habitude de leur format de bilan et ils pensaient avoir perdu des informations par suite de la disparition de certains détails.]

e) Importance:

Les sommes importantes, comme celles des stocks, ressortent bien dans le bilan des normes internationales. Par contre, diverses petites sommes des actifs disponibles du bilan russe ont été fondues dans la rubrique Autres Actifs Disponibles.

f) Prééminence du fond sur la forme :

Puisqu'on supprime des lignes sans intérêt, la forme a effectivement moins de poids. Nous avons donc bien un progrès dans ce domaine.

g) Objectif général :

Quiconque regarde les comptes peut les comprendre et ils ne sont réalisés ni pour un objectif, ni pour un groupe particulier. Les comptes financiers russes sont surtout destinés à l'inspecteur des impôts. C'est pourquoi tous les différents impôts, ainsi que la base sur laquelle ils sont calculés, sont bien mis en évidence. Tout ceci a été rassemblé ou éliminé par la conversion. La plus grande clarté qui en résulte rend les comptes utiles à un plus large public. Là encore, il y a amélioration.

Après avoir examiné chacun des objectifs de la compatablité, penchons-nous maintenant sur ses limites.

h) Expression monétaire :

Cette limite des données comptables suggère que les chiffres ne traduisent que des aspects quantitatifs, pas de notion de qualité. La conversion n'aide en rien dans ce domaine.

i) Trop grande simplification :

Cette limite découle du regroupement des données nécessaire pour atteindre les objectifs de clarté et d'importance. Dans le processus de conversion, il y a encore plus de regroupements dans le bilan, mais c'est le contraire dans le compte d'exploitation. Cependant, si on donne plus de poids aux informations contenues dans le compte d'exploitation, alors on réduit cette limite. Finalement, il est impossible de déterminer si on y gagne ou non.

j) Estimation subjective :

Cette limite concerne le problème des éléments affectés par les décisions de la direction, comme la durée de vie d'un actif. La conversion n'offre aucune amélioration dans ce domaine.

k) Evaluation historique non pertinente :

Cette dernière limite concerne surtout les stocks LIFO (dernier entré, premier sorti) et les immobilisations dans le bilan. Aucun de ces deux éléments n'a été amélioré par la conversion.

Dans l'ensemble, si on considère que dans certains domaines il y a quelques détériorations mais que dans beaucoup d'autres il y a de grandes améliorations, il faut en conclure que la conversion représente un réel progrès surtout pour atteindre les objectifs fixés par la comptabilité occidentale.

Voir la question de révision Q-7C6.1.

7)- Recommendations pour l'adoption de nouveaux principes de comptabilité en Russie

Si un analyste externe est obligé de procéder à des modifications dans les chiffres fournis par une entreprise, il semble clair que quelque chose ne va pas dans la méthode de présentation de ces données. Toute modification apportée par une personne extérieure rend les données moins bonnes que des données fournies par l'entreprise elle-même dans le format adéquat.

Les professionnels russes de la comptabilité sont actuellement en très mauvaise posture pour préparer les informations financières. Les règles comptables ne proviennent pas des praticiens eux-mêmes afin de rendre leur travail plus efficace et plus utile, mais de l'administration fiscale et du ministère des finances. Les intérêts de ceux qui fixent les règles comptables divergent des intérêts du grand nombre d'utilisateurs des relevés de comptes financiers.

Il est extrêmement important de préparer deux relevés de comptes financiers : l'un pour les impôts, l'autre avec un objectif financier. Dans ce second domaine, les professionnels russes de la comptabilité devront trouver de nouveaux principes financiers pour que les relevés de comptes financiers soient pertinents pour les investisseurs et managers étrangers à l'entreprise. Certains secteurs comme les banques et les entreprises pétrolières reformatent déjà leur rapport annuel en utilisant toutes les règles internationales de comptablité. De même, les banques reformatent les résultats financiers de leur emprunteurs potentiels. Plusieurs logiciels offrent la possibilité de tenir la comptabilité des entreprises russes à la fois sur les bases russes et sur les bases internationales.

Les règles de comptabilité adoptées n'ont pas besoin d'être identiques à un quelconque ensemble de règles utilisé en occident, mais il est probable qu'en rejoignant la communauté mondiale de la comptablilité les compatbles russes vont vouloir établir des règles compatibles avec celles des autres pays. Ceci n'a pas tellement d'importance en soi, mais le travail de beaucoup serait facilité si la comparabilité entre entreprises russes et étrangères n'était pas contrariée. C'est pourquoi, semble-t-il, les banques utilisent les normes internationales de comptabilité au moment où elles désirent rejoindre la communauté bancaire mondiale et être évaluées par des investisseurs étrangers tout comme les banques étrangères avec lesquelles elles sont en concurrence pour obtenir des fonds en dehors de la Russie.

Il importe de ne pas suivre aveuglément les règles de comptabilité occidentale. Les nouvelles règles comptables russes devront refléter les besoins du pays (et répondre aux exigences de comparabilité). Pour cela, il est urgent que les professionnels russes de la comptabilité soient enfin libérés de la mainmise des diktats de l'administration fiscale et du ministère des finances.

Voir les questions de révision de Q-7C7.1 à Q-7C7.3.
Voir le travail de recherche R-7.6.

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Last modified: Jun/01/01
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