ANALYSE FINANCIERE  © John Petroff Traduction: Françoise BRUNELLE Source: PEOI

 


Chapitre 3 D-4- PER sectoriels

4)- PER sectoriels

Comme les PER sont publiés dans la plupart des journaux financiers (comme le NY Times, le Wall Street Journal, l'International Herald Tribune et le Financial Times), il est tout aussi simple d'employer les ratios tels quels plutôt que de calculer des valeurs boursières. On pourrait, en effet, vérifier que les PER sont obtenus par la formule :

P/E = prix du marché / rendement par action

Ces PER peuvent s'employer pour comparer des actions d'entreprises similaires et déterminer si certaines sont surestimées ou sousestimées et éventuellement pourquoi. Le progrès de cette présentation (par rapport au modèle des dividendes escomptés) provient du fait que les revenus de l'année en cours peuvent être distribués sous forme de dividendes ou bien conservés pour permettre une croissante ultérieure des dividendes. Alors, au lieu d'essayer de deviner un taux de croissance g (comme dans l'approche précédente), pourquoi ne pas laisser la possibilité d'un réinvestissement des revenus pour une future croissance des dividendes (comme impliqué dans le calcul du PER) ?

Certains auteurs expliquent, en effet, le PER à l'aide des paramètres ci-dessus. Ils partent du modèle des dividendes actualisés avec croissance constante.

P = D / (k-g)

et remplacent D par la proportion des revenus distribuée à un taux de distribution de p

D = EPS . p

Mais, comme ce qui n'est pas distribué est conservé et que la somme du taux de distribution p et du taux de rétention r est égale à un,

D = EPS (1 - r)

Ainsi

P = EPS (1-r) / (k-g)

ce qui se simplifie en :

P/E = (1-r) / (k-g)

où P/E = PER
EPS = rendement par action
r = taux de rétention, à savoir proportion des revenus non distribués sous forme de dividendes
p = 1- r = taux de distribution (puisque p + r = 1)
EPS(1-r) = dividendes distribués (égal à D dans le modèle des dividendes escomptés)
k = taux de rendement exigé
g = taux de croissance des dividendes.

L'observation des composantes de la formule du PER nous permet de comprendre les raisons des différences entre les PER du Tableau T-3.5 ci-dessus. Les secteurs sont classés par PER dans le Tableau T-3.5a ci-dessous.

Tableau T-3.5a

Classement des secteurs par PER
 

PER
2000
Bêta

Croissance des ventes

Taux de distribution
Informatique 49 1.22 0.15 0.34
Internet 43 1.38 0.39 0
Téléphonie 31 0.89 0.05 0.53
Produits pharmaceutiques 30 1.07 0.10 0.27
Biens de consommation 27 0.98 0.03 0.45
Boissons 25 0.80 0.07 0.37
Edition 21 0.90 0.07 0.27
Production industrielle 21 1.03 0.09 0.51
Produits pétroliers 17 0.80 0.06 0.32
Chemins de fer 16 1.00 0.03 0.86
Vente au détail 16 0.98 0.10 0.30
Produits alimentaires 13 0.75 0.02 0.46
Chimie 13 0.95 0.01 0.46
Banques 13 1.34 0.11 0.53
Transport de marchandises 12 1.08 0.07 0.04
Electricité 11 0.50 0.15 0.57
Compagnies aériennes 10 1.25 0.09 0.04
Pneumatiques 9 1.03 0.12 0.82
Ameublement 9 1.08 0.07 0.20
Moyennes 20 1.00 0.09 0.40
Source : Wall Street Journal 1/1/1998-12/31/2000, Company annual reports and Value Line Investment Survey 2000

Les deux secteurs qui ont les PER les plus élevés sont l'informatique (à 49) et Internet (à 43). Cela peut s'expliquer par le fait que ce sont les secteurs dont on attend le taux de croissance des ventes et des revenus le plus élevé.

Autre utilisation intéressante de cette approche : chercher comment les équivalents d'actions ordinaires affectent le prix des actions ordinaires. Comme on le verra dans le Chapitre 13 Section B-2, on trouve en effet dans la plupart des états financiers annuels deux rendements par action différents. Le premier est le rendement-par-action de base, à savoir le bénéfice net après impôts divisé par le nombre d'actions en circulation. Le deuxième est le rendement-par-action dilué dans lequel le nombre d'actions en circulation est augmenté du nombre d'actions qui devraient être émises pour tous ceux qui possèdent des droits de conversion d'obligations ou d'actions privilégiées en actions ordinaires. Si la différence entre les deux est importante, cela veut dire que l'entreprise aura besoin d'offrir des avantages conséquents pour lever le capital dont elle a besoin, comme on le verra dans le Chapitre 13 Section 13D-3.

 Voici un exemple de l'utilisation du PER pour l'action ConEdison étudiée plus haut. La multiple traditionnel du secteur est de 10 (voir Tableau T-3.5), et le revenu par action de ConEdison peut être estimé comme le dividende de $2,04 divisé par le taux de distribution de 70% (voir Tableau T-3.5), soit $2,91. Ceci nous donne un prix estimé de :

ConEdison P = 2,91 . 10 = $29,10

Si on compare cette estimation au prix réel de $29,25 en juillet 1995, on pourrait en conclure que le marché a légèrement surestimé le prix de cette action. Mais souvenons-nous que le marché était à la hausse l'été 1995 avec des PER en augmentation pour la plupart des actions. On pourrait alors se demander pourquoi le prix de l'action ConEdison n'est pas monté davantage.

Ce deuxième exemple de calcul pour ConEdison montre que l'utilisation du PER pour la valorisation des actions n'est en rien inférieur au modèle du dividende actualisé.

Voir les questions de révision de Q-3D3.1 à Q-3D3.7.

Voir les travaux de recherche R-3.11 et R-3.12.

  Practice questions

  Assignments

  Readings

 Quiz

[Votre opinion nous est importante. Posez vos questions et offrez vos remarques, critiques ou suggestions à contact information ou bien utiliser les forums ]

Précédent: Coefficient de capitalisation des bénéfices ou PER Modifié: 2010-06-18 Suivant: Les options et autres dérivés